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Rêves de femmes de Virginia Woolf

"Découverte ou sensation d'un monde"


En achetant "Le Horla" de Maupassant, j'avais envie de me procurer un autre classique. Un autre genre, beaucoup diront qu'il est vrai que j'aime naviguer par tous les temps et dans toutes les contrées. C'est vrai ! J'aime découvrir ou redécouvrir avec ma pensée d'aujourd'hui, mon nouveau monde. Alors partons dans des Rêves de femmes.


Plan du livre : Dans ce livre publié chez folio classique, sont présents : un essai Les femmes et le roman de Virginia Woolf puis le recueil de nouvelles Rêves de femmes.

S'en suit une chronologie, une bibliographie. Quelques pages ensuite qui approfondissent chaque nouvelle appelées Notices et Notes.


Mon avis: Dans les premières pages du livre, je me plonge dans l'essai : Les femmes et le roman. Je suis absorbée par l'écriture et par le style de Virginia Woolf. Très intéressante, elle écrit et associe les mots "femme" et "écriture". Selon elle, la femme qui écrit est, celle, qui le soir inscrit dans un petit carnet son intimité et sa pensée. La femme n'a pas le droit à la liberté de voir et de comprendre tout ce qui se passe autour d'elle, autour des autres ainsi que le rôle de chacun dans cette société. Alors oui, si on laisse le moyen à cette femme de lire, de voyager et de vivre elle aura le goût, l'envie et la liberté d'écrire beaucoup plus que sur un simple carnet. Ecrire pour les autres, sur ce qui l'entoure, ce qui la rend heureuse ou triste.

Certaines prendront cette liberté pour démontrer que faire de la réalité une fiction par le jugement et la pensée de soi-même, en qualité de femme est possible.

Beaucoup exploseront dans l'écriture.

Selon Virginia Woolf, la femme n'a pas la même pensée et la même perspective que l'homme. Cela représente-t-il un danger pour lui ?

Aujourd'hui, en lisant cet essai paru en mars 1929, je pense : Ô combien nous avons eu la chance en tant que femmes d'être précédée par elles. Ces femmes qui clamaient combien nous sommes complémentaires à l'homme dans la société.


"Par le passé, la vertu de l'écriture des femmes résidait dans sa spontanéité si divine, semblable à celle du merle ou de la grive. Elle était innocente; elle venait du cœur. Mais elle était aussi, et ce très souvent, babillante et loquace-simple bavardage déversé sur le papier, séchant en petites flaques et taches. A l'avenir, pour peu qu'on leur accorde un peu de temps, d'espace et quelques livres, la littérature sera, pour les femmes, comme pour les hommes, un art que l'on doit étudier. Leur don sera formé et fortifié. Le roman ne sera plus le déversoir d'émotions privées. Il sera, plus encore qu'aujourd'hui, une oeuvre d'art comme une autre, et on en explosera toutes les ressources et les limites."


Je continue avec le recueil de nouvelles. A chacune, une femme, une histoire. Angela a dix-neuf ans, elle veut découvrir le monde mais elle ne le voit pas, enfin pas tout. Où est-il ? Elle veut le découvrir.


"Puis, déposant ses bas d'un côté et ses chaussons de l'autre, pliant soigneusement son jupon par-dessus, Angela Williams de son nom de famille, se rendit compte que -comment dire? - après des myriades d'années de bouillonnement obscur enfin la lumière luisait au bout du tunnel ; la vie; le monde. Ils s'étendaient à ses pieds- parfaitement bons ; parfaitement aimables. C'était là sa découverte.


Poll a hérité de la fortune de son père mais à la condition qu'elle lise tous les livres de la London Library. Elle pense qu'elle n'aura jamais d'homme à cause de cette directive, celle d'être isolée dans la lecture. Pourtant celle-ci lui apporte une autre vision : L'apprentissage de la vie s'exerce-t-il que par la lecture, le témoignage ou bien par l'implication de chacun à penser, à juger. La lecture que l'on pense être une fustigation, n'est-il pas en réalité un approvisionnement d'émotions, saisir l'impensable.


"Si nous n'avions pas appris à lire, ajoute-t-elle amèrement, nous en serions peut-être encore à porter des enfants en toute ignorance, ce qui, je pense, est le meilleur de la vie après tout. Je sais ce que tu vas me dire de la guerre, fit-elle en prévenant mes arguments, et de l'horreur de mettre des enfants au monde pour les voir se faire tuer, mais c'est ce que nos mères ont fait, et leurs mères et grand-mères avant elles. Sans formuler aucune plainte, elles. Elles ne savaient pas lire."


J'ai beaucoup aimé ce passage car il m'a fait réfléchir sur ceci : Oui, les femmes auparavant avaient des enfants et s'occuper du foyer. Elles ne savaient pas lire, pas écrire. Étaient-elles pour autant ignorantes ? Qui élevaient ces enfants, qui leur transmettaient le respect, la politesse et le devoir, c'était elles et pourtant elles ne l'avaient pas appris dans les livres. Aujourd'hui, cela semble si maigre par rapport au savoir qui nous entoure et tellement important à la société.


J'ai rencontré Miranda, elle écoute, elle rêve, elle imagine... L'auteure partage la poésie d'un moment ou une réalité des mots. Qu'est-ce qu'un moment ?

Quelques minutes à penser, à imaginer ou quelques minutes perdues ?


Virginia Woolf pose ensuite l'ultime question : Etre libre, être seule : Est-ce un problème pour soi et/ou pour les autres ?

Julia, dans le texte, aime ces moments de solitude où elle se sent libre. Pour elle, seule c'est vivre, voir, sentir ou ressentir. Elle ne comprend pas l'effet négatif que voient les autres dans ses moments où elle est libre. Alors la solitude, est-ce une condition de vie qui se rapporte à être solitaire (personne qui apprécie être seul)?

Aimé être seule est-ce si négatif d' être avide d'une liberté, nous sommes accompagnés par nous-même, par la vie, par le monde qui nous entoure ?

Si je résume, être seul (neutre), solitude (un état d'esprit) et solitaire (un choix).

La société jette son regard sur les personnes qui parlent de Solitude ou Solitaire pourtant un juste retour à soi-même. Est-ce un danger ou mal perçu le retour à soi dans une société qui se veut communicante et envahissante ? Mais lorsque ce mot devient négatif en proclamant sa mise à l'écart d'un monde qui le rejette, là elle fait la sourde.


Rêves de femmes, c'est aussi se créer un monde. Seule ou accompagnée, sentir la complicité afin de se sentir différentes des autres, de vivre autrement. Quelquefois, la vie se montre trop ancrée dans des habitudes et des servitudes qui font peur.

Qu'est-ce qu'être heureuse ?

Dans ce monde ou dans le notre, en s'inventant une vie parallèle par un rêve, une pensée, on s'en amuse, on est bien. Et s'amuser, c'est ne pas être malheureux, triste ou ennuyée. Ce monde imaginaire, on le trouve en soi. En a -t- on vraiment besoin?

Qui ne s'est jamais inventé un monde dans une pensée, dans un instant ou dans un rêve ?


Je vais terminer avec le rêve car c'est avec ce mot que l'auteure termine ce recueil .

Le rêve c'est quoi ? S'y échapper, s'y introduire, le vivre ?

Le rêve c'est la vie, c'est l'envie, c'est le bonheur, c'est vouloir.

Le reste c'est l'ennui et le cauchemar.



Ma note : 5/5


Pour se procurer le livre c'est par ici



Ma conclusion : Ce livre de Virginia Woolf comprenant un essai et un recueil de nouvelles m'a fait encore une fois beaucoup réfléchir. Cette femme disait que "La femme" avait tant donné (par le corps et par l'éducation) et que les livres, la lecture déploierait davantage son écriture qui je le rappelle est toujours d'actualité. Oui, ce petit carnet que l'on tient adolescente pour se confier. Nous avons toujours eu besoin de dire. Aujourd'hui nous le faisons parfois très fort pour être entendue. Mais tout ces sujets : imaginer, rêver, la solitude, l'envie d'apprendre, la liberté, découvrir le monde sont toujours là sauf qu'aujourd'hui nous avons les livres, l'écriture, la liberté et le choix.

Virginia Woolf avait compris que plus nous saurions, plus nous pourrions nous déployer. Etre plus épanouies garantirait être plus égal à l'homme.


Le secret de la femme est comme la création de la vie, il est à l'intérieur d'elle-même.




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