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J'ai décidé ...

Le 4 Mai dernier, j 'ai pris quelques affaires dans des sacs, mes enfants, mes deux chats et mon chien puis je suis partie ...

Le sourire était quelque chose que j' installais sur mon visage physiquement ou virtuellement, je pouvais rire de joie, de plaisir ou de moments d'évasion ou pourquoi pas tout à la fois ?Mais, personne ne pouvait savoir ce que cachait ce sourire. Un an auparavant, je découvrais un monde, celui de la littérature, des livres , des auteur(e)s, oui !

C'est vrai, j'aimais lire avant, les histoires, les pages, l'odeur du papier. J'avais oublié ce plaisir, cette évasion. Alors, je décidais d'ouvrir un blog, de parler de mes lectures, de donner mon avis. Est ce que quelqu'un pouvait s'y intéresser ? Pourquoi pas ! Et sinon, qu'avais-je à perdre ?

Rien, juste me transporter ailleurs, à travers l'écriture, parler, raconter et penser qu'une personne derrière son ordinateur lirait. Chaque jour, retrouver des abonné(e)s, une dizaine...cinquantaine...une centaine sur les réseaux sociaux. Chaque matin, un petit coucou, tout sourire déployé, des échanges de politesse, de gentillesse. Parler de ma lecture en cours, d'une chronique, pas à pas ils lisent, on échange, on rit...

Il est beau, il est gentil, il est intéressant mon monde à moi. A travers la lecture, me voilà transportée dans une autre ville, de nouveaux personnages, une histoire de meurtre, d'amour, de voyage ou une autobiographie. Ma tête est loin, quelques heures par jour, quelques jours par semaine mais mon corps il est là, dans cette maison. Lui, il n'aime pas, il veut et donne son approbation à ce que je veux faire mais à petites doses dit-il, pas trop longtemps, il faut s'occuper de la maison, du ménage, de la cuisine, des enfants et de lui. Tout est question de priorité pour lui et il est en premier sur l'échelle du dosage. Je réussis, je suis fière de moi, j'y arrive. Je jongle, tant qu'il pense que je passe un minimum de temps à cette passion, tout va bien. Je me lève, le temps qu'il se lève, j'ai le temps de discuter et d'échanger et de rire sur ces réseaux sociaux, en ai-je vraiment le droit ? Non ! Est ce que personnellement j'ai l'impression de faire quelque chose de mal ? Non. Mais pour lui, cette réponse ne serait pas valable. La lecture passe toujours après lui, mon but ultime qu'il soit content, qu'il se sente bien et j'aurais certainement son approbation. "Je peux lire ?" Oui répond-il mais je sais que dans un autre contexte ou une autre ambiance, la réponse serait tout autre.

Bien installée dans mon monde, je m'épanouis, plus d'une soixantaine de chroniques en moins d'un an. Les abonnées aiment ma joie de vivre, c'est pas étonnant, je suis heureuse avec eux. Et un jour, je croise un chemin virtuel, il est auteur, il est gentil, courtois, respectueux et très intéressant. Chaque matin, il appelle en me nommant dans son tweet, un peu de musique ? Oui, pourquoi pas ! Et puis, c'est un message privé, deux, trois. La discussion est engagée, chaque jour on parle, nous sommes très bons amis. Et si je lui disais ? Et si je lui racontais que cet homme qui est à mes côtés, c'est mon mari et quelquefois c'est pas facile. Pourquoi, alors que je fais le maximum, il me dit toujours que je suis nulle, que je ne sais rien faire, que je ne sais pas. Je ne sais pas quoi ? tout ? Cuisiner, repasser, étendre du linge... Selon lui, je suis "bonne à rien" dès qu'il se met en colère. Pourquoi il se met en colère? parce qu'il a chaud, il est fatigué, il est énervé, pas assez d'argent, pas acheté sa dernière envie ou il a trop bu. Non, la boisson c'est un complément à sa colère, ou le déclencheur.

Alors, si j'osais dire à lui, derrière cet écran, que c'est dur quelquefois et il m'arrive même d'en avoir assez. Quoi faire contre mon mari ? rien ! Il se mettrai en colère, les interdictions pourraient pleuvoir encore plus, il faut tout de même me préserver un tout petit peu, je suis dans mon petit monde quelques heures et je n'ai pas envie qu'il m'échappe.

Mais si, quelqu'un pourrait m'écouter, rien qu'une fois et que je puisse dire, oui juste un peu dire ce que je ressens à quelqu'un. Pourquoi pas lui ? Vous sentez l'hésitation ? C'est parce que j'ai beaucoup hésité, même juste dire quelques mots et dédramatiser la situation dans la minute qui suit, je n'ai pas envie que l'on me plaigne, je veux juste que l'on m'écoute. Parce que certainement me plaindre reviendrait à un peu me juger ? Pourquoi je laisse faire ? Pourquoi je ne me montre pas plus ou démontre qui je suis, pas "sa" femme mais une femme surtout, je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je veux raconter à cet homme, il est à l'écoute, il est compatissant, il est attentif et puis il le dit, il met "lui" un mot sur ce que cet homme est, c'est un "pervers narcissique". Mais c'est quoi un pervers narcissique, je cherche des infos, une vidéo. YouTube se révèle une mine d'informations, une vidéo, je l'ai trouvé, un scénario, des acteurs... Mais c'est moi ! C'est moi cette femme, qu'il insulte, à qui il ordonne, qu'il ne respecte pas, c'est moi cette femme qui ne dit rien et qui à l'impression de n'être pas comprise.

Alors lui, derrière cet écran, il m'aide, me conseille, lui comme moi nous parlons, nous échangeons. J'ai compris que je devais changer les choses, que ma situation ne va pas s'améliorer avec le temps, qu'il n 'y a pas d'issue heureuse. Jour après jour, cet homme, derrière son ordinateur est là , oui il est présent pour m'aider à souffler, à comprendre de quoi je dois me sortir, mais surtout il m'écoute. Je parle et je parle, j'évacue tous ce que je ressens de négatifs envers cet individu qui au même moment sentant que je ne suis plus si obéissante, resserre l'étau, comprime ma liberté.

Voilà, ça y est, je suis dans une cage, il surveille téléphone, internet, aller-venu. Mon échappatoire ? Lui ! derrière l'écran. Il m'attend, toujours présent à n'importe qu'elle heure, il est là , il m'écoute, il me booste, il me tient, de par les mots il m'aide à affronter. Et puis c'est l'altercation, une nuit, l'homme au fond de mon couloir aperçoit la lumière de mon téléphone, il se lève, je suis endormie, son entrée dans ma chambre apparaît à l'ouverture de mes yeux. Il hurle, me secoue, me tire les cheveux, me prends mon téléphone. Non c'est lui ma bouée de sauvetage, alors là je me rebelle "Rends moi mon téléphone, lui dis-je" les insultes fusent, les menaces s'intensifient, qu'il me frappe je m'en fous je veux juste mon téléphone. Il abdique, le balance, je me réfugie au rez de chaussée, je le contacte. Il est soulagé, je suis sauvée parce qu'il est là !

Et là, il me dit cette phrase : "Demain matin de très bonne heure, tu contactes ta mère et tu pars. Ca suffit, ça doit s'arrêter".

Il a raison, tout cela doit cesser. On restera toute la nuit à être présent, à se dire par la pensée que c'est terminé, que je n'aurais plus peur, que je vais être libre, libre de penser, de lire, de dire et de parler.

Le lendemain, j'ai pris mes enfants, mes sacs, mes deux chats , mon chien et nous sommes partis.

Depuis je suis poursuivis par les appels, par son apparition au coin d'une rue. Il passe d'un récit suppliant à une quantité d'insultes et de menaces. La police et l'association qui aide les femmes maltraitées physiquement ou psychologiquement sont à mes côtés. Je ne sais pas de quoi demain est fait, je ne sais pas l'issue d'une relation de vingt-cinq ans qui a vacillé négativement parce que l'homme à mes côtés n'était pas celui que je croyais, que j'étais une "chose" pour lui, que l'on dirige, que l'on façonne.

Mais aujourd'hui, je vis pour moi et pour ma famille, avec mes enfants nous pouvons remonter et reconstruire.

Et puis, lui, l'homme derrière l'écran, depuis il est passé de l'autre côté. Et doucement mais sûrement je pense qu'il a sa place à mes côtés parce qu'il l'a toujours été, dans les mauvais moments mais aussi maintenant dans les bons moments. Est-ce que je peux maintenant me sentir libre, heureuse, aimée et protégée ? Je pense qu'il y a contribué depuis un certain temps... Merci à toi ! Merci Marco !

Christine.




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